Contraception masculine : ce qui existe déjà

Mesdames, vous en avez marre d’être responsables de la contraception dans votre couple ? Bon, la pilule pour les hommes n’existe toujours pas… Mais ne perdez pas espoir ! Coup d’œil sur les techniques disponibles en France.

En 2012, 61% des hommes étaient prêts à être sous contraception selon un sondage de Consumer Science Analytics. © Pixabay

Tous à vos slips chauffants …

… Ou bien la contraception thermique. Vous ne vous êtes jamais demandés pourquoi les testicules de l’homme sont détachés du reste du corps ? Eh bien, c’est parce que pour fabriquer des spermatozoïdes, les bourses ne doivent pas dépasser les 33 degrés. Ce seuil dépassé, la spermatogenèse est bloquée. Et ça… c’est justement ce que le slip chauffant provoque. Attention : le sous-vêtement ne chauffe pas vraiment. En fait, il remonte les testicules pour les rapprocher du corps. Ainsi, leur température se rapproche des 37 degrés. Fabriqué sur-mesure, ce slip doit être porté 15 heures par jour.

Pour l’instant, il est prescrit seulement par Roger Mieusset (son créateur) au CHU de Toulouse. Avant d’être efficace, le traitement contraceptif doit être pris pendant trois mois. Selon lui, cette technique n’est pas dangereuse pour l’homme : « il suffit d’arrêter quelques jours pour que la spermatogenèse reparte. La réversibilité est importante et rapide ». Seules contre-indications : si le patient est atteint d’une cryptorchidie (lorsqu’un testicule est bloqué dans l’abdomen, dû à une malformation) ou s’il a déjà été opéré d’une hernie inguinale (quand l’intestin grêle se déplace vers l’aine). Autre petit hic : cette contraception n’est pas encore reconnue par l’Organisation Mondiale de la Santé, ni par le ministère de la Santé.

Ah, les hormones !

Il est aussi possible de stopper la création de spermatozoïdes chez les hommes grâce à des injections hebdomadaires d’hormones. Selon l’endocrinologue Jean Claude Soufir (qui a mis au point cette technique) sur la Webtv Univers Science, cette contraception consiste à endormir l’hypophyse (la glande du cerveau qui agit les testicules). Là aussi, les effets ne sont pas immédiats : il faut attendre entre un et trois mois après le début du traitement pour voir disparaître les spermatozoïdes.

Quant aux effets secondaires ? Durant l’expérience, suivie par l’OMS, certains hommes ont vu leur peau devenir plus grasse, de l’acné apparaître ou des « petites modifications au niveau sanguin » qui n’ont pas nécessité un arrêt du traitement. Comparés aux effets indésirables connus pour la pilule prise par les femmes (risque d’AVC, dépression, prise de poids…), ces derniers paraissent « mineurs » pour le docteur Soufir. Le seul effet secondaire qui a « obligé » des équipes à arrêter le traitement est le développement d’une hypersexualité, c’est-à-dire que le désir sexuel devenait trop important chez certains hommes. Un point qui pourrait faire sourire celles qui subissent une baisse de libido avec leur pilule…

 

La vasectomie ?

Selon une étude de l’Ined, 0,3% des hommes français ont recours à la stérilisation comme contraception (pour 3,9% des femmes). Oui, la vasectomie, ce mot qui fait peur. Légale depuis 2001, elle permet de boucher les canaux déférents qu’empruntent les spermatozoïdes lors de l’éjaculation. L’opération n’a pas de répercussion sur l’érection ou le désir sexuel. Étant donné que cette méthode est irréversible, les hommes ont la possibilité de congeler leur sperme pour 40 euros par an. Culturellement en France, la vasectomie est très peu répandue, contrairement à d’autres pays (aux États-Unis, un couple sur 6 y a recours).

Pour le docteur Jean Launay sur France Culture, beaucoup de médecins ne la proposent pas car « c’est une technique qu’ils connaissent mal ». Autre problème : les médias n’en parlent pas assez. Dans tous les cas messieurs, si vous vous décidez à choisir cette contraception, prévoyez 4 mois de délai de rétractation entre le premier rendez-vous et l’opération. Histoire de vous laisser le temps d’être sûrs.

Émilie Moulin

Source Photo : Pixabay