Met Gala 2019: une édition porteuse de messages ?

Lundi 6 mai a eu lieu le Met Gala, l’un des plus grands événements mondains des États-Unis. Le thème était « Camp : Notes of Fashion ». On vous explique pourquoi !

Chaque année, le gala du Metropolitan Museum of Art ne cesse de faire parler de lui. Tenues extravagantes, loufoques, irréalistes… Les stars se bousculent devant les photographes pour montrer l’étendu de leur imagination. Un événement mondain où l’auto-dérision et le superficiel sont plus qu’assumés, malgré les nombreuses moqueries et parodies des internautes. Pour cette édition 2019, Anna Wintour, rédactrice en chef de Vogue, a mis à l’honneur le thème « Camp : Notes of Fashion ». On vous explique ce que cela signifie et pourquoi elle a réalisé ce choix.

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Si ce thème peut paraître surprenant, il ne l’est pas tant que ça, puisqu’il fait référence à « Notes of Camp », un essai publié en 1964 par l’auteure et militante Susan Sontag. Un ouvrage dans lequel elle décrit la notion de « camp » comme le « goût pour le non-naturel : l’artifice et l’exagération ». Un thème qui entremêle le flou et le fou, ce qui a plu à de nombreuses célébrités, même si certaines n’ont pas besoin d’une telle définition pour être dans l’exagération. Mais si l’on approfondit un peu plus les choses, « Camp » représente l’essence même de la mode, qui a laissé place à la frivolité, au voyant et à l’excès cette année. On peut penser aux robes XXL de Viktor & Rolf de la collection haute-couture printemps-été 2019. On peut citer Gucci dont les défilés sont de plus en plus délirants ou encore Jeremy Scott pour Moschino avec ses  collections farfelues.

Un gala engagé

Le thème a été validé par Andrew Bolton, curateur du Costume Institue et commissaire de l’exposition. Il a confié au New York Times : «  Nous vivons un moment de ‘camp’ extrême. Il était pertinent pour la conversation culturelle de regarder ce qui est souvent considéré comme une frivolité vide, mais qui peut en réalité être un outil politique, sophistiqué et puissant, en particulier pour les cultures marginalisées, qu’il s’agisse d’un ‘camp pop’, d’un ‘camp queer’, d’un ‘camp d’élite’ ou d’un ‘camp politique’. Trump est une figure très représentative du ‘camp’. Je pense que c’est opportun ».

Si l’on reprend l’un des passages du livre de Sontage, « Camp » est défini comme « ésotérique », le fait d’appartenir à un cercle privé, une identité propre. Les communautés marginalisées ont été longtemps mises à l’écart de ce mouvement. « Camp », c’est aussi cette démesure apportée par la culture « drag », les communautés noires ou LGBTQI+, dont les stars ont su s’inspirer : Kim Kardashian avec son t-shirt doré, perlé de gouttes d’eau, signé Thierry Mugler qui fait référence aux divas de Vegas ;  Jennifer Lopez, Céline Dion en robes de show, reflétant le monde du cabaret et des transformistes, tout comme Liza Minelli en plumes et paillettes de chez Valentino. Le plus bel hommage a été celui de Lena Waithe qui arborait derrière sa veste un message fort : « Black Drag Queen Invented Camp ».

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Des créations portant un message

« Camp » sonne parfaitement avec 2019. Cette année a su mettre en lumière une mode qui se libère de tous les codes pour surprendre, mais aussi pour transmettre plusieurs messages politiques. Avec sa robe rouge sang signée Thom Browne, la rappeuse Cardi B a voulu mettre en avant la femme forte et casser l’image de ce rouge glamour qui la réduit au statut de séductrice. Bien plus que des robes ou des costumes, les stars ont su montrer que le vêtement pouvait aborder de nombreux sujets touchant les différentes sociétés.

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C’était pour Anna Wintour une façon de dire : la mode ne correspond pas uniquement à des mannequins avec des vêtements, une tendance, mais bien à des mots…


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