Loa Mercury : une muse tombée du ciel

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Crédit photo : Enzo Orlando

Loa est une muse tout droit sortie du monde galactique, alors peut-être serait-ce une étoile ? Elle sait jouer du piano et oui même debout. Elle chante et sait saisir son public pour le propulser dans la voie lactée. Rencontre avec une femme pas comme les autres.

Depuis toute petite, Loa sait qu’elle n’est pas comme les autres, qu’elle a en elle cette âme d’artiste. Ce qu’elle va en faire, elle ne le sait pas vraiment, mais ce qui est sûr c’est que sa vie sera loin d’être banal :  Elle se voit sur scène chanter, jouer et pourquoi pas y mourir ? Mais avant d’accepter ce mot “artiste”, elle se lance dans une carrière d’attachée de presse, avant de tout plaquer il y a trois ans. Elle veut enfin se sentir vivante et montrer au monde ses talents de musicienne. Cette musique qu’elle pratique depuis l’âge de six ans. “Quand j’étais petite, je chantais et je dansais beaucoup. C’était un peu comme une évidence qu’il fallait m’en faire faire.

 

 
 
 
 
 
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La musique n’a pas vraiment de secret pour elle. Elle l’aborde de façon très naturelle et la comprend dans ses moindres notes. “C’est comme une langue que je peux parler et que je maîtrise depuis la naissance.” Elle lui apporte une telle importance, qu’elle ne peut chanter sans jouer. Associer les deux, lui procure une véritable jouissance dont elle a dû mal à se passer. “J’aime bien suspendre le public, le mettre en lévitation pendant les concerts. Je ne sais pas si c’est volontaire, mais c’est un peu ce qu’il se passe à chaque fois. Il y a une sorte de suspension qui se met en place.

Exalter un public, son public, elle le fait une semaine sur deux chez Madame Arthur du jeudi au samedi.

 

 
 
 
 
 
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Une famille pour grandir artistiquement

Madame Arthur est l’un des cabarets parisiens les plus réputés. Et chaque spectacle est l’occasion pour Loa de déployer ses grandes ailes d’artiste tel un ange. Le public est à chaque fois sous le charme de ces divas, qu’ils voient arriver sur scène pour faire le show et leur faire oublier leurs moindres soucis. “Madame Arthur est une école incroyable, elle offre des conditions qui permettent de gagner en confiance et de se sentir élevée. On sait exactement où l’on doit aller pour être épanouie.” Mais bien plus qu’une école, Loa y a trouvé une seconde famille l’encourageant à travailler et se dépasser pour faire évoluer son personnage. Une famille qui lui a donné la force de pouvoir s’imposer en tant que femme transgenre et passer au-delà des critiques malveillantes.

Pour s’accepter en tant que femme à part entière, le chemin a été long pour Loa qui aujourd’hui l’assure, elle se sent “assez forte” : “Tout ce qui pourrait être perçus comme des obstacles, je les transforme en challenges.” Du haut de ses 1m87, combinés à des talons, il est difficile pour Loa de se faire toute petite : mais en a-t-elle vraiment envie ? Pas spécialement, elle ne veut plus s’excuser d’exister devant ces regards songeurs, jugeurs et désapprobateurs. Si elle pose problème, c’est à eux de détourner le regard, non à elle de s’effacer. “S’approprier l’espace public, c’est habituer le regard. Une fois j’ai failli tomber dans le métro et sur le moment je me suis dit que ça aurait été hyper gênant. Puis, quelques secondes après, je me suis dit que non en fait, les transgenres ont aussi le droit de tomber en public !

 

 
 
 
 
 
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Loa veut éveiller les consciences, mais elle a cette lucidité de se dire que si elle a cette assurance, c’est grâce à ce total accord avec elle-même lors de sa transition. “J’ai évolué tardivement et je pense que c’est ça qui m’a rendu forte. Si j’avais eu le besoin vital de transitionner plus jeune, je pense que je l’aurais vécu avec plus d’anxiété et de difficulté.

Une femme épanouie personnellement, mais aussi professionnellement, avec notamment la sortie de son premier EP : “Ellipse”.

Un autre monde

Loa est une femme qui a su s’imposer dans la société et qui le fait avec brio à travers son style musical. Des sonorités pop et entraînantes, avec une volupté aux consonnances galactiques. “J’adore mélanger beaucoup de choses, je pense que c’est quelque chose que l’on se permet dans le monde queer, d’aller chercher des influences qui ne nous appartiennent pas.

Un melting pop très bien maîtrisé, par les prouesses d’une artiste ayant cette capacité à entremêler des univers différents tout en trouvant les bonnes associations pour une belle cohérence. Les morceaux s’enchaînent sans que nos oreilles nous mènent à être dubitatif dans ces accords. Bien au contraire, elle nous mène vers l’apesanteur, d’un corps qui se laisse flotter au rythme de chaque morceau.

Une instru à laquelle s’ajoute des mots, des messages forts évoquant l’amour de l’autre, de soi, la rencontre, à travers un champ lexical qui s’apparente à la galaxie. Ainsi, elle fait d’ “Ellipse” une œuvre poétique. “J’ai un côté un peu scientifique, je suis très passionnée d’astronomie et je regarde beaucoup de documentaires. Instinctivement, je fais pas mal de liens entre les comportements humains et les lois un peu de l’Univers. En tant qu’artiste, il y a beaucoup de choses que l’on fait sans réfléchir et on comprend le sens qu’après. L’avant et l’après se mélangent un peu et ce champ lexical sur l’univers, je m’en suis aperçue après avoir réalisé le concept.

Une trame narrative aux thèmes actuels, notamment avec le titre Satellite qui met en lumière notre accoutumance à surveiller celui ou celle qui nous plait par le biais des réseaux sociaux et cette appétence du contrôle permanent des moindres faits et gestes de l’autre. “Quand on sur crush quelqu’un qui ne manifeste pas grand-chose en retour, il y a une obsession qui se met en route et j’ai comparé cette obsession à la surveillance un peu des satellites. Je ne cherche jamais à dénoncer, je trouve juste ça poétique. Après il y a plusieurs sens, il y a cette satire du monde actuel, où l’on est en télésurveillance constante, on est analysé, on est briefé pour évoluer dans certaine direction… ça mélange un peu tout et je l’aime beaucoup.

Puis, il y a ce titre : 1988. Un morceau très personnel et à la fois si universel, décrivant cette jeunesse en boîte de nuit : celle d’attirer l’œil de cet inconnu qui nous plait tant. On se fait beau ou belle avant de sortir, pour se déchaîner sur la piste de danse et défouler les passions. Un titre qui cette fois-ci est dénué de tout champ lexical se référant au cosmique. Un morceau qui parle tout simplement de la rencontre de ses parents en club. “Tout ce projet, du morceau au clip, me fait penser au film Retour vers le futur. Je me sens comme leur fille qui vient dans le passé et qui voit leur premier bisou. Quand j’ai composé cette chanson, mes parents étaient émus et ils m’ont dit : ‘on dirait vraiment que tu as tout vu, avec cette ambiance si bien retranscrite.’” Loa tiendrait-elle secret ses liens avec Doc ?

Une étoile montante, qui brille de mille feux sur la scène de Madame Arthur. Désormais, son public attend avec impatience de découvrir celle qui se cache derrière ce personnage et ainsi avoir la chance de visiter l’infini.

Forte et combattante dans la vie, sensuelle et envoutante dans son art musical. C’est comme ça que l’on pourrait décrire Loa. Une simple description qui définit une part de sa personnalité et de son œuvre. Mais Loa est bien plus : elle est cet astre qui a beaucoup à apporter au monde qui l’entoure.