Eric Judor : sa force de faire rire sans tomber dans les stéréotypes

Eric Judor, Cannes, Festival de Cannes, PressEyes

©Léa Ghirardotti

Eric Judor a eu pour la 8ème édition de la Semaine du Cinéma Positif au Festival de Cannes, l’honneur d’en être le Parrain. Pour l’occasion, l’équipe de PressEyes en collaboration avec Road to Cinema est allée lui poser quelques questions. Une rencontre rythmée par l’humour sous le soleil de Cannes.

Il y a des acteurs qui marquent les esprits d’une seule génération et puis ceux qui savent prospérer. Eric Judor, fait partie de cette seconde catégorie : oui qui ne connaît pas de nos parents à nos petits frères et sœurs, ce comédien propulsé grâce au film La tour Montparnasse Infernale, qui a et qui fait encore parler de lui. Et pour cause : ce duo mythique formé par Eric Judor et Ramzy et leurs répliques cultes : “Ouais ben vaut mieux être un petit breton qu’un grand tu l’auras !“. Depuis, le comédien a fait de l’humour une véritable force.

Mais Eric Judor sait se montrer sérieux (ou presque), quand il s’agit de pouvoir représenter la jeunesse ou les personnes dévalorisées à cause d’une société régies par de nombreux codes. C’est ainsi qu’il a accepté d’être le parrain de cette 8ème édition de la Semaine du Cinéma Positif au Festival de Cannes.

L’importance de représenter

C’est donc sur la plage du CNS que l’équipe de PressEyes en collaboration avec Road to Cinéma a rencontré le comédien, installé confortablement sur un fauteuil, les pieds dans le sable, face à la mer.

Bien que l’humour rythme sa vie, Eric Judor est un grand bosseur. Il joue, produit, réalise… des activités qui lui prennent beaucoup de temps et ne lui laissent pas la possibilité de s’initier à d’autres projets. Alors quand l’occasion s’est portée de devenir le parrain de cette semaine cannoise, il n’a pas hésité une seconde. “Sam Bobino et Jacques Attali m’ont contacté pour représenter cette huitième édition du cinéma positif. Il se trouvait que j’étais à Cannes pour Tik Tok avec Ramzy, j’ai donc sauté sur l’occasion pour pouvoir représenter cette semaine, les couleurs, les ethnies dans un cinéma et un monde qui même s’il a commencé à se colorer, reste quand même d’une certaine couleur… blanc.”

Le comédien a tenu à remercier Jacques Attali, d’avoir contribué à cet évènement. Un événement ouvert à tout le monde et qui a su faire sa place au milieu “des gros producteurs branchés, des américains qui viennent ici sur le marché du film et qui font la fête entre eux“, explique Eric Judor.

Cette semaine du cinéma positif offre la possibilité à tous ceux qui viennent des quartiers, des milieux défavorisés de pouvoir croire en leur rêve cinématographique. “Je trouve ça super que des gamins des quartiers puissent assister à cette semaine, que l’on invite la productrice de l’Ascension avec Ahmed Sylla et qu’elle raconte son parcours, ses difficultés… C’est montrer que c’est possible, que Cannes n’est pas un entre soi intouchable et que l’on peut entrer dans ce milieu et créer.

Aller au-delà de sa couleur

Des mots forts, pour un acteur qui n’a pas la prétention de dire qu’il est vecteur d’un message, pourtant, il reste un véritable modèle pour beaucoup de jeunes qui en ont marre d’être rabaissés à leur simple couleur ou condition que ce soit au cinéma ou par le biais de l’humour.

Pour Eric Judor, très peu pour lui… Bien au contraire ! Tout au long de sa carrière il a fait en sorte de ne pas faire d’humour sur sa couleur de peau ou ses origines, mais montrer que l’on peut rire d’autre chose sans se stéréotyper soi-même : “Avec Ramzy on a fait de l’humour avec de l’absurde, c’est ce message là, je pense, que j’envoie depuis le début de ma carrière. Et j’espère que des petits jeunes se sont dit : ‘Ah tiens, ce n’est pas parce qu’ils ont cette couleur-là qu’ils parlent des quartiers et j’ai le droit de faire autre chose que de parler de ça.’

Une vision de l’humour qui lui a valu ce succès qui perdure dans le temps en devenant malgré lui, une figure à suivre pour différentes générations. En effet, si Eric Judor ne se voit pas comme porteur de messages, il a cette humilité de ne pas se voir comme un modèle. “Il se trouve que je le suis par la force des choses, mais j’ai fait ce métier par passion, j’adore faire rire et je ne pensais pas gagner de l’argent.

Pour lui, à l’époque c’était le sacre de pouvoir faire rire 30 personnes dans une petit salle avec son acolyte Ramzy. Une époque révolue et il se désole un peu de voir qu’aujourd’hui “les gamins ne pensent qu’à être célèbres…” Une question qu’il était loin de se poser à ses débuts :”On voulait juste être drôles, et c’était ça notre vrai débat. Donc très loin de moi aussi l’idée de qui est-ce que je représente, de qui je suis le porte-parole… je n’y pense pas. Mais je me suis rendu compte que ça a créé quelque chose de positif.” Une petite fierté donc !

Une jeunesse sensible à l’humour

Faire rire les gens, leur apporter une petite note de bonheur un « devoir » qu’il n’est pas près d’arrêter. Notamment quand il a pu observer la réaction des jeunes lors de la conférence pour la 8e édition de la Semaine du Cinéma Positif : « L’humour est une tribune qui est très regardée par les jeunes. Pendant le débat que l’on vient de faire, j’ai pu remarquer que dès qu’il y avait de longues conversations les jeunes s’endorment, mais dès que tu y ajoutes quelques vannes à l’intérieur, hop ils s’allument ».

Avant de quitter le comédien, nous lui avons demandé ses prochains engagements. C’est d’un air taquin qu’il a lancé : “Toujours pas de messages (rire)”, avant d’ajouter : “Je veux continuer à être positif dans mon attitude et représenter par ma couleur. Je veux aussi continuer à défendre le fait que l’on peut parler d’autres choses bien plus intéressantes que de sa couleur et de ses origines.

Une belle conclusion qui en dit long sur cet acteur qui, encore une fois malgré lui, continuera à servir d’exemple pour la jeunesse à venir et celle d’après.