« 13 Reasons Why » : une quatrième saison pour une deuxième chance

Pour cette ultime saison, les créateurs de « 13 Reasons Why » délivrent un message de tolérance, d’amour et de solidarité. Bien moins violent, ce dernier chapitre sorti le 5 juin célèbre la vie à travers des sujets et des personnages controversés. L’équipe de PressEyes décortique le ton décalé, mais parfois incohérent, des dix épisodes disponibles sur Netflix.

SPOILER ALERT !

Le meurtre de Bryce Walker et la condamnation à tort de Monty vont-ils rester impunis ? La fin de la troisième saison de « 13 Reasons Why » laissait penser que le groupe de lycéens, tous complices dans cette affaire, pourrait s’en tirer et récupérer une vie plus ou moins normale. Mais, dès les premiers épisodes de ce quatrième volet, leur combat s’avère évident. Particulièrement celui de Clay Jensen (Dylan Minnette). Tout au long de ce dernier chapitre, le téléspectateur pénètre dans son esprit, torturé par la mort de ses camarades et la violence qui perdure à Liberty High School.

Depuis son séjour en prison, le jeune homme est sujet à des crises d’angoisse. Le cadrage de la caméra se resserre. Une main sur son thorax, Clay ne peut plus respirer. Il se déconnecte des autres l’espace de quelques secondes. Au fil des scènes, ce sentiment de panique se transforme en une véritable paranoïa.

Les créateurs de « 13 Reasons Why » abordent ainsi la question de la santé mentale sous un nouvel angle. Notamment à travers le psy qui suit Clay, un certain Dr. Robert Ellman interprété par Gary Sinise (Les Experts Manhattan, Esprits criminels). Ce sujet s’avère encore tabou et peu encadré aux États-Unis, où règne un système de santé inégalitaire, affaibli par le démantèlement de l’Obamacare.

« L’amour et la tolérance, c’est plus dur »

Mais, malheureusement, cette tentative de sensibilisation se voit freinée par des épisodes d’une heure paraissant longs. Ces derniers s’enchaînent parfois de manière maladroite, voire incohérente. Le visionneur passe d’une manifestation à une excursion en camping. Des événements qui semblent coller parfaitement à la vie lycéenne, mais non à l’intrigue haletante de la série. « 13 Reasons Why » traite de la toxicomanie, du suicide, du viol, du contrôle d’armes à feu, du harcèlement scolaire ou encore du meurtre. Depuis le début de sa diffusion, elle agit comme une mise en garde, un « cautionary tale » en anglais. Elle soulève habituellement mille et une questions. Pourtant, la seule à se poser ici est : quel est l’intérêt de cette quatrième saison ?

Il faut attendre les derniers instants du projet de Netflix pour comprendre sa valeur ajoutée. Clay, ainsi que d’autres personnages comme Tony (Christian Navarro), traumatisé par la déportation de sa famille, et Jessica (Alisha Boe), hantée par le souvenir de son violeur, vivent encore dans la peur. Un sentiment compris réellement par le téléspectateur lors de la remise des diplômes. Durant la cérémonie, Clay déclare : « Ces deux dernières années, j’ai vu mourir trois personnes que j’aimais. Et deux autres personnes que je croyais détester nous ont quittés aussi. Mais j’ai compris que la haine, c’est trop simple. La haine, c’est facile. L’amour et la tolérance, c’est plus dur. Mais c’est comme ça qu’on prend soin les uns des autres, c’est comme ça qu’on survit. » Un message de solidarité qui prend tout son sens au vu de l’actualité américaine, entre émeutes et inégalités.

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Une repentance plus ou moins réussie

Ce dernier chapitre résonne comme une célébration de la vie. Clay, Tony, Jessica, Alex, Zach et Tyler ont survécu, malgré les souffrances qu’ils doivent désormais porter. S’ils ne reçoivent aucune sanction pour leurs erreurs (et c’est assez problématique), les six adolescents obtiennent une chance de s’améliorer.

Certains opèrent déjà un changement dans cette quatrième saison. Tyler Down (Devin Druid), l’ancien photographe de l’école, trouve un travail en rapport avec cet art visuel. Il vient en aide aux forces de l’ordre pour arrêter des trafiquants d’armes. À la fin du deuxième volet, le jeune homme, poussé à bout, menaçait de tuer ses camarades, dans le cadre d’une fusillade de masse. Des tueries s’élevant au nombre de 41 en 2019, selon les médias américains. 

Cette ultime saison, bien que plus conceptuelle, navigue entre de multiples luttes sociales déchirant les États-Unis, notamment le racisme endémique de la police. « 13 Reasons Why », à l’origine d’une conversation complétée par le documentaire « Beyond the Reasons » sur Netflix, restera avant tout un outil pédagogique, même dans plusieurs années.

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