« Outer Banks » : intrigue en or, réalité à la dérive

Pendant le confinement, Netflix tente d’occuper ses abonnés avec de nouveaux programmes, comme « Outer Banks ». La série, disponible depuis le 15 avril dernier, leur permet de plonger dans une véritable chasse au trésor sur fond d’inégalités sociales et financières. Un clivage un peu exagéré.

Bienvenue en Caroline du Nord, sur la bande de sable appelée les Outer Banks. Ici, le quotidien des locaux n’est pas aussi paradisiaque que dans la vraie vie. « C’est le genre d’endroit où vous avez soit deux emplois ou deux maisons », explique le narrateur de la série, John B, un adolescent ayant récemment perdu son père. Seul chez lui, il passe le plus clair de son temps à parcourir les îles avec ses amis, Pope (Jonathan Daviss), JJ (Rudy Pankow) et Kiara (Madison Bailey), pendant l’été.

Lors d’une excursion, les quatre jeunes tombent sur un bateau, poussé au fond de l’eau marécageuse par un cyclone. Après la découverte d’une boussole dans les décombres, les voilà embarqués dans une chasse au trésor. John B, interprété par Chase Stokes (The First), et sa bande continuent les recherches de son père, disparu il y a neuf mois. Véritable aventurier, ce dernier essayait de trouver depuis 20 ans l’épave du Royal Merchant, un navire perdu dans l’océan Atlantique en 1929… et rempli de lingots d’or.

Une véritable course contre la montre commence et captive ainsi le visionneur. Entre avancées et obstacles, l’intrigue se voit rythmée par des péripéties saisissantes. Mais aussi par des scènes à la réalisation remarquable. Dans une vidéo décryptant la découverte du bateau plan par plan, l’acteur Rudy Pankow révèle que la production n’a utilisé aucun effet spécial, aucun fond vert. La scène a – entre autres – été filmée à plus de 4 mètres de profondeur, dans un centre de formation de police.

Entre deux univers

Au-delà du caractère addictif de la série, « Outer Banks » sait séduire le public grâce aux milieux sociaux et financiers dans lesquels évoluent les personnages. La ville fictive où se déroule l’histoire, Kildare, se divise en deux univers bien opposés. Le premier, Figure Eight, accueille les familles les plus aisées, appelées les Kooks. Le second, The Cut, plus au sud, loge les plus démunis. Ses occupants, particulièrement la bande de John B, se surnomment les Pogues. Ils sont « tout en bas de la chaîne alimentaire », comme le précise celui-ci.

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Les inégalités accompagnent le sort des quatre adolescents tout au long des huit épisodes. JJ représente l’exemple le plus poignant. Élevé par un père abusif et violent, il se résout à voler, mentir et manipuler pour obtenir ce dont il a besoin. Mais il se dit prêt à tout pour venir en aide à ses amis. Pope, « le cerveau de l’opération », doit se battre pour obtenir l’accès à une université de qualité. Ses parents lui souhaitent un futur plus brillant que le leur.

John B travaille pour le propriétaire le plus riche des Outer Banks. Homme à tout faire, il s’appuie sur cette source d’argent pour pouvoir se nourrir. Son père, présumé mort et obsédé par les trésors, ne s’occupait pas réellement de lui avant sa disparition. Kiara est l’exception du groupe. Née dans la richesse, elle choisit de mener la vie d’une Pogue. Bienveillante, elle défend également le bien-être de la planète et des tortues à ses heures perdues.

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Une image plus ou moins trompeuse

Quelques erreurs subsistent. Selon certains internautes, la culture et les spécificités géographiques des Outer Banks dépeintes ne semblent pas correspondre à la réalité. Plusieurs semaines avant la sortie de la série, les locaux se réjouissaient de voir leur territoire illustré à travers un programme de Netflix, raconte l’un d’entre eux au magazine Esquire. D’après lui, il décrit une zone complètement différente, qui aurait dû porter le nom des plages de la Caroline du Sud. L’un des créateurs de « Outer Banks », Josh Pate, originaire de la dite bande de sable, insiste qu’il ne voulait pas créer « une réalité géographique », mais bien une version imaginaire de ces îles.

Le tournage a eu lieu à Charleston et dans ses alentours, en Caroline du Sud. Il devait initialement s’organiser en Caroline du Nord, à Wilmington. Cependant, Netflix a rapidement changé d’avis pour protester contre une loi discriminant  les transgenres (HB2), votée en 2016 et en partie abandonnée en 2017. Elle leur interdisait l’accès aux toilettes, dans des lieux publics, ne correspondant pas au sexe assigné à leur naissance.

La situation socio-économique des Outer Banks serait également bien moins tranchée. Selon les informations de Esquire, les habitants ont parfois plusieurs emplois. Pendant l’été, beaucoup de saisonniers viennent travailler. Peu de logements sociaux peuplent les îles. En parallèle, de grandes propriétés, notamment sur le bord de mer, sont en cours de construction. Mais pas de clivage net. De plus, le surnom des plus riches, les Kooks, vient d’un ancien terme employé par les surfeurs. Il désignerait une personne prétendant savoir surfer.

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Les producteurs de « Outer Banks », dans le TOP 10 français de Netflix, évoquent déjà une saison 2. Ils attendent le feu vert de la plate-forme de streaming.