Charles Van Tieghem : l’art de la réflexion et du divertissement.

Charles Van Tieghem, Validée, Frank Gastambide, Mickaël Lumière, Friendzone

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Charles Van Tieghem croule sous les projets entre “Friendzone“ et “Validé“, le réalisateur nous embarque dans une fresque où l’humain prime. Des oeuvres qui portent son regard sur le monde, mais toujours avec pudeur, pour laisser le spectateur libre de ses opinions. PressEyes est allé à sa rencontre. 

Devenir scénariste et réalisateur n’était pas vraiment dans les plans de Charles Van Tieghem. Il débute tout d’abord par des études de sciences économiques avant de réaliser qu’il était peut-être fait pour le milieu artistique. Il se lance alors vers le théâtre en s’inscrivant au Cours Florent, mais il s’aperçoit également qu’il n’est pas à sa place. “Vers la fin de mes études de théâtre à Florent, j’ai commencé à écrire mes sketches pour la télévision : Paris Première, M6, NRJ et plein de petites chaînes. J’écrivais pour gagner ma vie, car en tant qu’acteur c’était plus compliqué, sauf quand je partais en tournée de théâtre. L’écriture est donc venue très vite en sketching. Le second déclic je l’ai eu quand je me suis retrouvé dans des oeuvres que je n’étais pas fier de défendre et comme il y a un grand souhait d’intégrité artistique dans ce que je fais, même si ce n’est pas bien,  je préfère que ce soit ma responsabilité que celle des autres“, a expliqué le réalisateur. 

Charles Van Tieghem a également cette conviction que pour devenir acteur, il faut que ce soit une vocation, chose qu’il n’avait pas. Monter sur scène, se montrer devant la caméra ce n’est pas son truc. Il préfère s’inspirer de la vie pour créer. Le réalisateur décide de mettre un terme à sa carrière d’acteur, il ne veut plus se disperser, afin d’être “dévoué à son rêve“. Et tant qu’à faire, il arrête aussi d’écrire des choses courtes, se forme pour se remettre à niveau dans l’écriture et se lance dans le scénario d’une première série pour OCS : “La Bouse“, qui relate la vie dans le milieu agricole. 

L’art d’écrire 

Dans l’écriture, Charles Van Tieghem, aime le désir créatif que cela procure, ainsi que pouvoir donner son point de vue. Un point de vue sur le monde, sur les amitiés, l’amour, les hommes et les femmes d’aujourd’hui. “Quand on aborde une idée ou un concept, on a envie de savoir ce qu’il y a derrière et ce que l’on va pouvoir délivrer, de manière créative, sans l’imposer aux gens, ça c’est ce qui m’amuse le plus.“ Il aime aussi ces relations humaines qui se créent lors d’un tournage : “Le travail avec les acteurs et les équipes, c’est quelque chose que j’adore. On est le chef d’orchestre de plein de talents, avec des gens différents qui se coordonnent pour faire quelque chose ensemble, c’est extrêmement euphorisant et ça me rend très heureux.“ 

Pour faire naître ses histoires et créer des univers différents, Charles Van Tieghem, s’imagine un acteur qui correspondrait au rôle : “Mais pas forcément quelqu’un, soit que l’on va avoir ou qui va avoir l’âge du rôle. On peut penser par exemple à Romain Duris dans ‘L’Auberge espagnole‘, sachant qu’il a l’âge qu’il a aujourd’hui, mais on se l’imagine pour se donner un peu de consistance dans la tête. Puis, parfois on écrit pour quelqu’un et là c’est complètement évident.“ Et justement, pour son film “Friendzone“, sorti sur Netflix le 29 septembre, le scénariste n’a pas écrit le rôle principal, pour un acteur en particulier : “J’avais un peu de Pierre Niney dans “20 ans d’écart“, j’avais un peu de François Civil, et d’autres acteurs comme ça, qui me venaient et m’aidaient à donner de la cohérence à mon personnage.

 

 
 
 
 
 
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Un scénario écrit en 2015, dont les acteurs ont aujourd’hui dépassé l’âge pour faire partie du casting. Mais le réalisateur ne se fait pas de souci, la jeune génération de comédiens est toute aussi prometteuse. 

L’évidence d’une rencontre 

Les deux directeurs de casting, David Baranes et Guillaume Moulin m’ont aussi proposé des gens. Dans leurs propositions et les miennes, il y avait Mickaël Lumière. On l’avait vu dans plusieurs films, eux le connaissaient un peu et moi il m’intriguait. Je ne savais rien de lui, je l’avais vu dans “La vérité si je mens ! Les débuts“ et je savais que le biopic de Grégory Lemarchal arrivait, mais quand je l’ai vu, il avait déjà joué le rôle.
Physiquement l’acteur correspond à ce que recherche Charles Van Tieghem, mais intransigeant, il veut le voir à l’action dans deux exercices différents, que Mickaël Lumière exécutera avec brio : “ Mickaël Lumière a eu le rôle pour des raisons d’évidences. Il arrivait à lier deux choses ensemble qui étaient indispensables au rôle : une naïveté, une pureté maladroite, et à côté une grande intensité et une grande capacité à susciter et à provoquer le désir et à l’investir.“ Le réalisateur l’assure, c’est une performance qui n’est pas vraiment facile : “Quand on imagine un acteur qui a le côté un peu maladroit, un peu frais, un peu naïf, c’est difficile de l’imaginer devenir d’un coup séduisant, sexy… voilà on l’a vu dans certain film avec ‘Crazy Stupid Love’ avec Steve Carell où il arrive à devenir consistant et l’exercice de casting c’était de le voir dans les deux positions et c’est vrai qu’il a été formidable.


L’amour surexposé 

Comme dit un peu plus haut, le scénario de “Friendzone“ a été écrit en 2015, pourtant le sujet est au coeur des problématiques amoureuses qui se posent dans notre société actuelle. Dans “Friendzone“, Charles Van Tieghem, dresse un portrait de l’homme d’aujourd’hui : celui qui a du mal à trouver sa place et à se rendre désirable. Avec ce film, le réalisateur a abordé tous les stéréotypes qu’il y a sur la séduction. Mais si le long-métrage place un homme au centre de l’histoire, beaucoup de jeunes femmes, de femmes, pourront également se comparer à ce personnage, qui est loin de l’image du mâle alpha que les films et séries peuvent véhiculer. Ici, il est sensible, drôle, avec une petite part de féminité qui fait du bien. “Je suis assez content que vous me le disiez, car en abordant ce sujet là, ça rapproche un petit peu plus les problématiques. L’épanouissement personnel, l’émancipation sont des choses qui parlent à tout le monde.“ Oui, homme ou femme, il n’est pas toujours facile de s’intégrer dans la société, de se lancer dans une relation ou de se sentir perdu(e) entre amants ou amis. 

Des difficultés qui se creusent avec les nouvelles générations, notamment avec l’explosion des réseaux sociaux. Bien qu’ils puissent être un moteur à l’amour et aux rencontres, ils peuvent aussi porter préjudice : “Je pense que l’on va devoir se réveiller sur l’exploitation de l’image que l’on veut donner de son couple. Il y a beaucoup de jeunes gens aujourd’hui qui rentrent le couple à l’intérieur de cette existence des réseaux. Ce qui est le plus important dans un couple c’est son intimité. Les réseaux n’apportent pas cette intimité et l’intimité c’est une forme de sincérité.“ Mais ce qu’il aspire par-dessus tout avec ce programme, c’est que les garçons puissent mettre des mots sur ce qu’est la virilité, et l’assurance : “Ce que le film raconte c’est qu’il faut trouver sa vérité. Il faut engager sa volonté, exprimer son désir, il faut faire rire, il faut faire rêver. Le côté surpuissant du mal alpha c’est ce que j’ai voulu éviter et j’espère que les jeunes garçons, qui pensent que le mâle alpha il est sur les sites pornographiques ou le mec qui a la plus grosse voiture, le type qui a le plus beau bateau, j’espère qu’ils vont regarder le film et que ça va les faire réfléchir dans le bon sens.

Réfléchir, c’est un peu ce qu’amène à faire toutes les oeuvres de Charles Van Tieghem,, soulignons la série “Validé“, co écrite avec Frank Gastambide, qui apporte un regard sur une société qui aime l’exclusion. 

Validé : une saison 2 très dark 

L’intention que j’ai dans tout ce que je fais, c’est de chercher une thématique que je vais trouver intéressante et je vais y apporter un regard. Ce regard, je ne souhaite pas l’imposer. Dans ‘Validé’, ce que l’on a voulu faire et ce qui était important pour nous, c’était de raconter à quel point ça peut être difficile quand on veut réaliser ses rêves, qu’un contexte vous ramène toujours à votre condition et vous met des obstacles pour avancer.“  

La saison 1 de “Validé“, relate l’histoire d’Apash, dont le rêve est de devenir rappeur. Enfant du quartier, loin des strass et des paillettes, le jeune homme se bat pour pouvoir accomplir ses rêves et ses ambitions. Le réalisateur a donné quelques informations sur la saison 2, qui fera l’ouverture du Festival Canneséries et qui ravie toute l’équipe. Pour la suite, de nombreux personnages reviennent afin de continuer à raconter leur parcours. Et Charles Van Tieghem, le promet, il y aura autant de rebondissements que dans la première : “C’est l’ADN de la série. On a essayé de la faire perdurer c’est comme ça que l’on aime d’ailleurs écrire cette série : on l’aime puissante, avec beaucoup de choses qui s’y passent, avec beaucoup d’intensité et de tension. Elle est un poil plus sombre, il s’est passé des choses dans la saison 1 qui vont avoir des conséquences.“ Pour les fans qui se demandent si Apash refera surface, le réalisateur n’a pas voulu vraiment répondre, mais malheureusement il certifie que “Apash est bien mort“… 

 

 
 
 
 
 
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Un mois d’octobre bien fleurissant pour le réalisateur avec un film et une série. Pour l’avenir, il avance tout en prenant en compte si les téléspectateurs vont vouloir revoir ses personnages existants. Mais des projets il en a encore, dont un qu’il garde secret qui est “une commande de Mandarin“. Un mystère que nous avons hâte d’élucider. Charles Van Tieghem, porte en lui la sagesse, d’un homme qui aime observer le monde, les gens qui l’entourent pour mieux transposer ses réflexions à l’écran et mener ainsi son public à réfléchir sur la vie, la société, voire sa propre existence et mener sa quête de soi.