Eugénie Derouand : l’art de l’exigence

Eugénie Derouand
Eugénie Derouand (crédit photo : Natacha Lamblin)

Pour son premier grand rôle, Eugénie Derouand n’a pas fait les choses à moitié. En plus d’être en tête d’affiche au cinéma pour “Le Calendrier“, elle s’est immiscée au coeur du film de genre. Un long-métrage qui révèle les prouesses de l’actrice, tout comme la comédienne met en lumière les prouesses du cinéma français. Pour PressEyes, elle a accepté de parler de son parcours. 

Eugénie Derouand aime le cinéma, “depuis que je suis toute petite“,  lance-t-elle. Avec un bac S en poche et une famille qui n’a pas cette fibre artistique, la jeune femme a du mal à se décider. Mais au fond d’elle, elle sait : elle sera actrice. Après ses études, elle suit des cours de théâtre au cours Florent, avant de faire ses valises direction l’Australie pour faire de l’humanitaire. Loin du cinéma, Eugénie Derouand, se consacre aux autres, avant que son agent ne se consacre à elle et la pousse vers la lumière. Son rêve de petite fille l’a donc rattrapé, et elle peut désormais s’oublier complètement par le biais de ses personnages : “Je me sens vivante quand je joue. Interpréter, c’est me sentir hors du temps et d’avoir cette possibilité d’accéder à plein d’émotions ou faire des choses interdites dans la vie. » 

 
 
 
 
 
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Eva : l’incarnation de la force

Frôler les interdits, accéder à un monde presque irréel, faire resurgir différents états d’âmes, Le Calendrier offre à Eugénie Derouand tout ce qu’elle aime pour composer un personnage. “C’est la première fois que j’ai un rôle conséquent. Je l’ai pris comme un défi. C’était excitant et ça n’arrive pas tous les jours ! Et puis ce personnage surtout.“ Eva, une femme dont la comédienne a avoué être admirative. En fauteuil roulant, elle a demandé à la comédienne une préparation physique intense avec énormément de contraintes. Et c’est avec beaucoup de douceur qu’elle a confié ce fort souhait dont elle avait de l’interpréter “J’avais envie de l’incarner, elle me touchait. Elle m’a fait apprendre à quel point c’était difficile ce quotidien pour les gens handicapés.“ Pour Eugénie Derouand peu importe que ce soit un film de genre. En tant qu’actrice, ce qui l’anime c’est de jouer et d’incarner. “Il n’y a plus de question de genre face à un personnage. Que ce soit de la comédie, du drame, de l’horreur, le principal c’est que l’on ait envie de le défendre.

Du personnage à l’humain

Pour ne faire qu’une avec Eva, pour faire “disparaître“ Eugénie Derouand, elle s’est fait coacher par Lara, paraplégique depuis une dizaine d’années. Elle a pu l’observer, discuter avec elle pour s’imprégner de son quotidien pour faire exister son personnage. Mais au-delà de ce travail pour son rôle, c’est humainement qu’elle a été touchée. “Je me suis rendu compte qu’il y avait des gens qui ne se plaignaient jamais. Au contraire, Lara s’excusait presque. Elle a une force et une détermination… Elle est championne d’escrime et avec moi elle a tellement été bienveillante.

Touchée par cette jeune femme, Eugénie Derouand n’a donc pas le choix, son personnage doit être à la hauteur de Lara. “J’avais envie de bien faire pour elle“. Une rencontre qui aura porté ses fruits, puisque Eugénie Derouand est dans “Le Calendrier“ subjuguante. L’actrice n’est plus, elle est Eva. Elle transmet cette rage de vivre, de croire en ses rêves. Se lamenter ? Très peu pour elle. Eva veut être vue comme tout le monde et ne se définit pas par son handicap. Toutefois, elle reste mystérieuse. Une carapace qu’elle s’est forgée pour se protéger des autres et de la vie en général qui ne lui a pas vraiment fait de cadeau, et ce jusqu’au bout… n’oublions pas que “Le Calendrier“ est un film d’horreur mettant Eva à l’épreuve. 

De l’horreur à Noël

Une période qui peut sembler surprenante pour un film horrifique à l’approche de Noël, signe de convivialité et de lumière. Mais les mots d’Eugénie Derouand donnent presque envie de se faire peur les soirs d’hiver : “J’ai trouvé intéressant ce contraste avec la magie de Noël. Il y a cette période d’hiver de froid, on a envie de se coller à quelqu’un, de le sentir et c’est vrai que dans une salle de cinéma, c’est l’endroit où l’on peut se permettre d’avoir peur.“ Bien qu’après la projection du film, vous ne verrez sûrement plus votre calendrier de l’Avent de la même manière… Dans le film, il rythme l’intrigue aux côtés d’Eugénie Derouand. L’objet devient également le protagoniste principal avec la comédienne, qui affirme avec humilité que c’est “lui le rôle principal. C’est un objet sublime : il est tout en bois avec de beaux détails, j’étais vraiment impressionnée.“ Et c’est part le biais de cet aspect d’oeuvre d’art, que le calendrier en devient intriguant et laisse s’installer peu à peu une atmosphère inquiétante. 

 
 
 
 
 
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Bonheur ou égoïsme ? 

Le long métrage de Patrick Ridremont est une histoire d’horreur, mais surtout une histoire de choix. Il y a cette réflexion intéressante sur la condition humaine et son individualisme. Eugénie Derouand, le voit plus comme des sacrifices que l’Homme peut faire pour acquérir sa quête du bonheur. “Eva est en dilemme permanent entre sa conscience morale et ce dont elle a envie. Elle est complètement obsédée par l’envie de ressentir à nouveau et à la fois il y a cette question de  l’acceptation, d’accepter aussi. Je pense que c’est tous ces questionnements.

Tout au long de cette discussion, Eugénie Derouand a laissé transparaître une grande exigence envers elle-même et son travail. On sent cette envie de bien faire les choses et d’être juste. Pour certaines questions, elle n’a pas hésité à demander si elle avait bien répondu, afin d’être la plus précise possible, pour une conversation fluide et fructueuse. C’est également l’art d’un bel échange, de faire attention à l’autre, sans rester dans sa bulle. En ce sens, la comédienne offre une véritable connexion. Une qualité humaine, qui se fait parfois rare.