Lilia Hassaine : vivre pour écrire

Lilia Hassaine portrait
Lilia Hassaine (DR)

Journaliste pour l’émission Quotidien et talentueuse autrice, Lilia Hassaine, était vivement attendue par ses lecteurs lors des journées Nationales du Livre et du Vin. Installée à son “Stand“, pour présenter son nouvel ouvrage “Soleil Amer“, les lecteurs se bousculent pour pouvoir échanger avec la jeune femme. Pour PressEyes, j’ai eu le plaisir de la rencontrer. 

Elle essaie de prendre le temps avec chacun de ses lecteurs, sans oublier de leur dédicacer quelques mots. Pendant ce temps-là, je fais des allers-retours, pour avoir la chance de réussir à lui poser mes questions sur son parcours. Il est 16h, quand je vois que la foule est partie prendre le goûter et déguster de bons crus. Elle discute avec un auteur assis à côté d’elle, je n’ose pas les interrompre, mais très vite elle m’aperçoit et comprend que je veux m’adresser à elle. C’est avec gentillesse, qu’elle accepte de se livrer sur sa vie professionnelle et sa vision de l’information. 

L’enseignement de l’information

La famille de Lilia Hassaine aurait-elle eu une influence sur sa carrière ? La jeune femme est catégorique : “ Je viens d’une famille où l’on adore débattre !“ Au lycée, l’enseignement effleure son esprit. Mais sa curiosité de l’actualité, la pousse vers le journalisme. “J’ai passé un concours pour rentrer au journal le monde. Ce concours était pour les jeunes journalistes, pigistes, qui n’avaient pas du tout de connaissances dans les médias.“ Admise, elle va travailler pendant six mois en tant que pigiste au journal et rentrer par la suite dans une école de journaliste pour approfondir ses connaissances. Si finalement elle n’est pas devenue professeur des écoles, c’est une autre forme de transmission qu’elle émet auprès des jeunes et des plus âgées, qu’elle qualifie d’ “essentielle“ : “Encore plus aujourd’hui, il y ‘a tellement de fausses informations qui circulent, de fausses rumeurs, de bêtises… Le fait parfois de se poser la question, de réfléchir aux vocabulaires au sens des mots, c’est quelque chose d’important, encore plus maintenant je trouve. C’est nécessaire de connaître l’histoire, d’avoir des connaissances précises et de ne pas se laisser embrigader par un discours politique classique.“ 

Le discours imagé 

Désormais chroniqueuse pour Quotidien, diffusée sur TMC, Lilia Hassaine n’a pas fait de la télévision pour sa propre image ou être révélée au grand public. C’est avec beaucoup de poésie qu’elle m’a avoué être intéressée par l’écriture en fonction des images. “J’avais travaillé en presse écrite. En école de journalisme, j’ai découvert le montage, l’écriture de l’image. C’est comme ça que j’ai commencé, je me suis dit à faire une école, autant faire des choses que je ne sais pas faire :  monter un reportage, poser sa voix, ce n’est pas des choses qui sont instinctives, je savais que j’avais ça à apprendre. Effectivement, quand je suis rentrée au Petit Journal, puis après à Quotidien, c’était une autre manière d’écrire qui était hyper intéressante, car on fait un décryptage d’image“, explique t-elle. 

 
 
 
 
 
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La journaliste regarde des heures et des heures de vidéos aux thèmes variés : des débats politiques, des interviews d’hommes politiques ou intellectuels, des archives… Puis, elle établit une sélection, pré-monte et écrit comme en presse écrite : “La télévision comme on se la représente, on pense que l’on pose une caméra et on parle, mais ma journée je la commence à 9h et je la termine à 21h. C’est une journée entière à écrire, à réfléchir, c’est passionnant“, a t-elle lancé avec beaucoup d’enthousiasme et d’amour pour ce média. 

La télévision l’anime et Quotidien lui offre cette possibilité de véhiculer des messages à une partie de la jeunesse, qui ont tendance à décrocher face à l’actualité. Si l’émission divertie par le ton donné, elle permet de prendre connaissance de ce qu’il se passe dans le monde, avec toujours une pointe d’humour ou des intervenants qui ont cette capacité à captiver. Une force pour attirer les jeunes et leur montrer l’intérêt de s’instruire en dehors du collège, du lycée et de la FAC : “On essaie de faire de la pédagogie et en même temps de transmettre une information qui n’a pas été transmise de la même manière. On fait un petit pas de côté pour regarder la communication politique de voir un peu le contexte.“ Lilia Hassaine est d’autant plus formelle : “La politique c’est ce qui conditionne  nos vies finalement, ne pas s’intéresser à l’information et à la culture, c’est manquer énormément d’occasions de s’exprimer.

Après une pause gourmande, les lecteurs refont surface… tant pis je n’aurais pas le temps de lui poser toutes mes questions. Toutefois, je me dépêche (à mon grand désarroi) d’aborder ses deux ouvrages : “L’oeil de Paon“ et “Soleil Amer“. 

Une élève littéraire

Écrire un livre était un souhait qu’elle avait depuis son enfance. C’est en rigolant qu’elle me confère qu’elle avait de très bonnes notes en rédaction à l’école. “L’école à un rôle déterminant. Dès que l’on a de très bonnes notes quelque part, on a envie de continuer.“ Lors de son stage au magazine Le Monde, ont lui a demandé d’écrire une nouvelle qui “a très bien marché“, m’a t-elle précisé : “Je me suis rendue compte que dès que j’écrivais, on me demandait des suites et c’est comme ça que l’on se lance, on prend confiance en soi au fur et à mesure.“ Puis, il y a eu ce jour où elle eu l’idée de ces sujets inspirants, qu’elle a voulu faire partager à travers des manuscrits, donnant naissance à “L’oeil de Paon” et “Soleil Amer”.

 
 
 
 
 
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La discussion prend fin, du moins doit prendre fin… avant de partir pour de bon, j’évoque “Soleil Amer“, que j’ai vu à la lecture, comme une ode à la femme. Elle me sourit et acquiesce : “C’était un peu inconscient, mais effectivement, les personnages féminins dans mon livre, comme dans mon premier ont une place déterminante. Je pense que la place des femmes y compris dans les banlieues, le rôle des mères, c’est tellement important et puis, j’aime bien décrire les femmes, je m’amuse plus dans leurs descriptions. Je crois que j’aime vraiment les femmes.“ 

Cette fois-ci je dois réellement partir et laisser la place aux lecteurs, pour qu’ils puissent rencontrer Lilia Hassaine et avoir à leur tour comme moi, la chance de converser avec une jeune femme passionnée comme passionnante. 

Je terminerais ce portrait, en vous incitant à vous plonger dans la lecture de “Soleil Amer”. Lilia Hassaine à cette délicatesse des mots qui vous transportent au coeur de l’histoire. Chaque détail est décrit avec une telle précision, que l’on pourrait presque y sentir les odeurs. Une oeuvre à l’histoire bouleversante, qui dresse le portrait d’une partie de la population bien peu représentée. Sans oublier ce silence, face à un lourd mensonge, qui remet en cause l’équilibre déjà fragile de toute une famille.