Xavier Lacaille : le héros de Parlement dévoile les coulisses de son jeu

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Crédit photo : Valentina Claret

Xavier Lacaille est l’un des créateurs de la série à succès “Validé”, mais il est aussi le personnage principal de “Parlement”, diffusée sur France.tv Slash. Présent au Festival de Canneseries, le comédien s’est confié sur son personnage et son évolution pour la saison 2, disponible dès le 9 mai prochain.

Installé dans l’un des “box” spécialement aménagés à la gare maritime à Cannes, pour réaliser les interviews, Xavier Lacaille enchaîne les rencontres avec les journalistes. 12h45, vient alors mon tour, mais avant de commencer, le comédien demande un verre d’eau. À nouveau hydraté, il est prêt pour répondre à de nouvelles ou énième (et même) questions.

Depuis 2020, Xavier Lacaille incarne Samy dans la série qu’il qualifie de “drôle et politique ou politique et drôle“, “Parlement”. Samy est un jeune assistant, qui fait ses débuts au sein du Parlement Européen. Une expérience “excitante et rare“, explique le comédien : “Souvent c’est soit une série politique, soit une série drôle et là, la communion des deux était très intrigante et très bien réalisée.” La politique est un domaine qui n’est pas inconnu à l’acteur, ayant fait des études de droit : “Mon personnage n’est pas censé connaître et c’est excitant de jouer un débutant qui débarque dans un endroit fascinant. Dès la lecture du scénario je rigolais et j’en apprenais plus sur l’Europe et c’est tout ce que je demande d’un scénario.

La force de “Parlement” c’est ce mélange d’humour, qui s’entremêle à de véritables informations parlementaires, et fait d’elle une série éducative tout en restant inclusive.

Trouver la justesse du jeu

Entre l’ironie et le sérieux, le comédien a su trouver un équilibre pour être authentique auprès de son public. “J’étais passionné par mes études de droit. C’est un intérêt très sincère pour la matière pas seulement juridique mais aussi politique, qui me porte également dans la série et c’est fondamental dans mon quotidien.” Une passion qui selon Xavier Lacaille, lui a permis de trouver le juste milieu entre le comique et le sérieux : “Cet équilibre il fonctionne quand tu es sincèrement intéressé par le sujet, que tu es touché et que tu as envie de transmettre les choses.

Un deuxième défi s’est imposé à Xavier Lacaille : la série qui ouvre les portes du Parlement Européen aux téléspectateurs en y dévoilant les coulisses, l’a amené à jongler entre les députés français, mais aussi britanniques. Ainsi, le comédien a dû s’adapter à des rythmes complètement différents. En effet, les langues française et anglaise n’ont pas la même énergie : “En anglais, la structure des blagues n’est pas la même et de fait, la manière d’incarner est différente. Tu as des choses qui sont possibles en anglais et pas en français et vice versa.”  Xavier Lacaille a pu s’amuser avec des jeux de mots français, contrairement à la langue de Shakespeare qui n’en est pas vraiment friande, mais a pu avec cette dernière être plus direct : “Elle est plus concrète et plus facile que le français. Il y a beaucoup moins d’adjectifs et beaucoup plus de verbes. On a plein de références de fictions anglaises et américaines qui planent, quasiment des mythologies, qui font que tu as des réflexes que tu n’as pas forcément en français où l’on est plus absurde.” Et puisqu’être acteur s’est joué, il s’est alors amusé à fusionner les deux langues, pour un rendu que l’on peut féliciter.

Plus haut, lorsque Xavier Lacaille m’évoque les “références de fictions anglaises et américaines“, je n’ai pu m’empêcher de lui demander de m’en citer quelques-unes. Et sa réponse, fut très intéressante.

L’influence des séries américaines

Le comédien parle de deux catégories de programme, ceux qui sont “des références assumées” : “Je pense au film ‘In the loop’ d’ Armando Iannucci, à la série américaine ‘Veep’, ‘The Office’, qui sont des références que je dirais ‘assumées’, parce que tout le monde en parle. Je pense que même les auteurs ont dès l’écriture eu ces références.” Xavier Lacaille prend le temps de revenir sur “The Office”, qui semble être une série à laquelle il porte un véritable œil critique, que ce soit en tant que spectateur ou professionnel : “Elle est devenue pour moi existentielle : les acteurs, l’écriture, l’incarnation, la mise en scène tout est tellement brillant que je l’ai tout le temps en tête.

Puis, il y a celles qu’il qualifie d’”inconscientes” :  “Des personnages que l’on a pu voir par exemple dans ‘House of Cards’, et le personnage du président.” Des rôles bien que sérieux, qui sont importants pour le comédien à ingérer pour les amener ailleurs avec ce registre de la comédie qu’a “Parlement”. 

Travailler son personnage

Un humour que la saison 2 a tenu à garder. Et si on appréhendait une perte de vitesse de ce rythme entraînant il n’en est rien. Oui, j’ai eu la chance de voir les deux premiers épisodes. Et entre les deux saisons, Xavier Lacaille ne s’est pas vraiment reposé, puisqu’il a continué à développer son personnage : “Il y a quelque chose de très important pour moi : quand un personnage progresse, il faut qu’il évolue à la fois psychologiquement et physiquement.” Des changements qui peuvent être implicites mais qui comptent pour l’acteur : “Il n’a pas le même niveau d’anglais entre la saison 1 et la saison 2. L’accent est différent, ma voix est différente, elle est plus posée, un peu plus grave en général, mais c’est quasiment indiscernable pour le téléspectateur. Je me répète souvent : Qu’est-ce qu’il change concrètement ?  Qu’est-ce que je peux travailler pour apporter une progression du personnage psychologiquement ? “

Samy revient beaucoup plus fort, plus filou et avec davantage de confiance en lui. Des détails qui n’ont pas échappé à l’acteur, qui donne plus de stabilité au personnage avec un point essentiel : “Il regarde un peu plus dans les yeux.

“Parlement” c’est donc de la politique, de l’humour, mais aussi de la romance.

L’amour et la politique

Les hommes politiques ou en devenir, ne s’adonnent pas seulement aux lois et ont également une vie en dehors des Parlements. Ainsi, la série dévoile des plans d’un soir, mais aussi une romance naissante entre Rose et Samy. Pour Xavier Lacaille, mettre en lumière une histoire d’amour est “indispensable” : “Dans toutes les bonnes séries il y a forcément de la romance, c’est d’ailleurs ce que l’on préfère“. Le comédien a pour partenaire Liz Kingsman, une actrice avec qui il s’entend “merveilleusement bien“. Entre les deux acteurs, la complicité a été immédiate, leur permettant d’être fluide dans leur travail avec une communication très facile : “On aime se surprendre, elle est exceptionnelle en impro et j’adore improviser. On a envie d’être dans le moment présent et de ne pas trop tourner autour des choses et être trop théorique. Evidemment que l’on répète, que l’on travaille en amont, et que l’on a besoin de se dire les choses, mais il y a une alchimie qui est assez naturelle et assez plaisante.” Une histoire d’amour qui n’a pas vraiment débuté dans la saison 1 et qui risque d’être compliquée dans la saison 2, mais je ne vous en dirais pas plus…  L’heure a sonné, Xavier Lacaille est appelé pour aller déjeuner.